Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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La découverte de la pierre de Rosette en juillet 1789 et la traduction de la partie grecque qui en a été faite aussitôt, suivie par la diffusion des copies de ses inscriptions, sont des signes de l’importance qu’a eu ce décret trilingue dans l’histoire du déchiffrement des hiéroglyphes. Nombre d’érudits se sont alors penchés sur les deux versions égyptiennes du texte, jusqu’au moment de la lecture de la célèbre Lettre à M. Dacier à l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, le 27 septembre 1822, habituellement considéré comme le jour de la résolution du « mystère » des hiéroglyphes ! En réalité, si Champollion en est bien le déchiffreur, plusieurs savants avant lui avaient apporté des éléments de réponse à différentes questions, qui ont permis de progresser dans la connaissance de ces écritures égyptiennes. Champollion n’a pas ignoré ces travaux : il fit feu de tout bois, ayant même parfois été accusé de ne pas reconnaître ce qu’il devait aux autres. Parallèlement, il chercha à récolter toutes les inscriptions à sa disposition, aussi bien dans les planches de la Description de l’Égypte, que sur les objets conservés dans diverses collections. Cette quête s’accéléra dans les dix ans qui suivirent l’annonce du déchiffrement, avec notamment son séjour en Italie (Turin, Rome, etc.) et lors de l’expédition franco-toscane en Égypte avec I. Rossellini.

Dans les papiers de Champollion, si l’on perçoit bien l’attention qu’il a portée aux inscriptions de la pierre de Rosette, on découvre également le grand nombre de textes, tant hiéroglyphiques, hiératiques que démotiques, qu’il a examinés et utilisés dans sa recherche. La pierre de Rosette, dont la version hiéroglyphique est si particulière et incomplète (il manque les deux-tiers du texte, ainsi que les figures du cintre), n’est pas la clé de l’énigme mais bien plutôt un révélateur qui a permis de résoudre plusieurs questions en suspens. Mais, c’est surtout la quantité et la diversité des documents rassemblés par Champollion qui lui permirent d’atteindre le but : non pas seulement lire l’égyptien, mais pouvoir le traduire.