Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Un article emblématique paru dans la revue Nature[7] a fait le point sur les grandes menaces pesant aujourd’hui sur la planète et sur l’humanité et les a listé : impacts du dérèglement climatique, acidification de l’océan, affaiblissement de la couche d’ozone, dérèglements des cycles de l’azote et du phosphore, utilisation de l’eau potable, pollution chimique, pollution de l’air par les aérosols, intensification agricole et perte de la biodiversité. Cette dernière apparaît majeure. Les auteurs démontrent les limites de la planète, recommandent à l’humanité de préserver ses marges d’adaptation et posent la question de la viabilité du modèle « produire toujours plus, contre le système vivant ». Ce développement durable dont on nous parle en permanence l’est-il pour longtemps ? La biodiversité doit être protégée pour des raisons évidentes de maintien d’une production variée (et qui pourra donc répondre en temps utile aux agressions !), de défense contre la prolifération des espèces invasives, pour son rôle fondamental dans les grands équilibres des géo- et bio-sphères, pour ses apports alimentaires à l’humanité, ses apports en molécules variées (pharmacologiques, sondes, cosmétiques…), etc. Le rapport de synthèse de l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire a ainsi classé les services rendus par la biodiversité en services d’approvisionnement, de régulation, culturels et de soutien[8].

Cette biodiversité disparaît à une vitesse effarante, toujours en accélération en raison des faits évoqués antérieurement. L’état de la biodiversité, les pressions qu’elle subit et les bénéfices que l’humain peut en tirer changent considérablement. Certains annoncent même une sixième grande crise d’extinction[9] ou un ensemble de civilisations à « ré-étalonner »[10]. Pouvons-nous éviter l’effondrement ? De grandes conférences internationales ont eu lieu, à Rio en 1992 et 2012, à Johannesburg en 2002, en France en 2005 et 2010, à Nagoya en 2010, etc. La France a organisé deux conférences environnementales en 2012 et 2013 durant lesquelles les questions de biodiversité ont été abordées et elle prépare aujourd’hui une loi sur la biodiversité associée aux nouvelles lois sur la transition énergétique et la transition écologique. La liste rouge des espèces menacées est publiée tous les ans par l’Union internationale pour la conservation de la nature (International Union for Conservation of Nature, IUCN) et cette liste s’allonge sans cesse. Mais y sont surtout considérées les plantes et les espèces animales emblématiques (tigre, panda, ours polaire, etc.), car nous n’avons que peu d’informations sur toutes les autres, les insectes ou les invertébrés marins, par exemple, ou encore les champignons ou les lichens.

References

[7]  Rockström J. et al., 2009. « Planetary boundaries: exploring the safe operating space for humanity », Ecology and Society, vol. 14, n2, 32-34.

[8]  Millennium Ecosystem Assessment, 2005.

[9]  Barnosky A. D. et al., 2012. « Approaching a state shift in Earth’s biosphere », Nature, vol. 486, n7401, 52-58, DOI : 10.1038/nature11018 ; Ceballos G., Ehrlich P. R., Barnosky A. D., Garcia A., Pringle R. M. et Palmer T. M., « Accelerated modern human-induced species losses: Entering the sixth mass extinction », Science Advances, 5, 19 juin 2015, e1400253 e1400253, DOI : 10.1126/sciadv.1400253.

[10]  Ehrlich P. R. et al., 2012. « Securing natural capital and expanding equity to rescale civilization », Nature, vol. 486, n7401, 68-73, DOI : 10.1038/nature11157.