Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

La recherche des causes de la peste, mais aussi l’expérimentation de remèdes susceptibles de soigner une maladie que l’on considère comme mortelle mais non incurable, met la médecine médiévale à l’épreuve de sa propre rationalité savante. Comment y intégrer cette contagion que l’on observe sans l’expliquer ? La transmission de la maladie est d’abord une métaphore de la contagion des péchés, rendant manifeste le pouvoir de l’imagination : voici pourquoi la compassio médiévale inspire des politiques qui ne sont pas toujours compassionnelles.

Sommaire

  • « Mortelle ou mortifère, contagieuse, ardente, cruelle… » : les épithètes de la peste de Maurice de La Porte en 1571 (Véronique Montagne, « Le Discours didascalique sur la peste dans les traités médicaux de la Renaissance : rationaliser et/ou inquiéter », Réforme, Humanisme, Renaissance, 2010)
  • « Aspre, noire, charbonneuse… » : depuis quand la peste est-elle noire ? (Jon Arrizabalaga, « Facing the Black Death: perceptions and reactions of university medical practitioners », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, 1994)
  • Peste noire et peur bleue en 1832 (Justus Hecker, Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert: Nach den Quellen für Ärzte und gebildete Nichtärzte bearbeitet, Berlin, 1832)
  • Du rouge au noir, le mauvais sang de la mélancolie (Marie-Christine Pouchelle, « Les appétits mélancoliques », Médiévales, 1983)
  • Avec le corps pour écran et pour tombeau : diagnostic, pronostic et sémiologie médicale
  • Histoires de la douleur, des premiers symptômes à l’apparition des bubons
  • À la recherche du signum mortis : « le mouvement de la mort n’est pas aussi certain que celui de la vie (Bernard de Godon, Liber pronosticorum, 1295, cité par Danielle Jacquart, « Le Difficile Pronostic de mort (XIVe- XVsiècles) », Médiévales, 2004)
  • La médecine médiévale fut-elle honteuse ? Régimes de rationalités et diversité textuelle des Pestschiften (Karl Sudhoff)
  • Le Traité sur les fièvres pestilentielles et autres formes de fièvres d’Abraham Caslari (Ron Barkai, « Jewish Treatise on the Black Death (1350-1500): A Preliminary Study », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Medicine from the Black Death to the French Disease, Londres, 1998)
  • ‘Eliyahu ben ‘Avraham à la cour de Sélim 1er à Constantinople et la médicalisation des savoirs politiques sur la peste dans l’Empire ottoman (Nükhet Varlik, Plague and Empire in the Early Modern Mediterranean World. The Ottoman Experience, 1347-1600, Cambridge, 2015)
  • Écrire avant, pendant et après la peste : le manuscrit latin 111227 de la BnF et le Compendium de epidemia de la Faculté de médecine de Paris (Danielle Jacquart, La Médecine médiévale dans le cadre parisien, XIVe-XVsiècle, Paris, 1998)
  • « À la vue des effets dont la cause échappe à la perspicacité des meilleures intelligences, l’esprit humain tombe dans l’étonnement » (Compendium de epidemia, 1348)
  • Les limites de la raison médicale face aux « effets merveilleux » d’une maladie mortelle, mais non incurable
  • La conjonction astrale de 1345, remota causa de la pestilence
  • Recours à l’astrologie et inflexion alchimique du discours médical : une défaite de la raison ? (Nicolas Weill-Parot, « La rationalité médicale à l'épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) », Médiévales, 2004)
  • Du bon usage thérapeutique de la richesse : or potable et pierres précieuses
  • Air vicié, venin et contrepoison (Nicolas Weill-Parot, « Des rationalités en concurrence ? Empirica magiques et médecine scolastique », Anuario de Estudios Medievales, 2013)
  • Ventouser, scarifier, cautériser : l’incision des bubons dans la Grande Chirurgie de Guy de Chauliac (1363)
  • La recette du jeune poulet au croupion déplumé (Jacme d’Agramont, Regiment de preservacio de pestilencia, 1348)
  • Empirica, experimenta ou secreta ? Longévité, obstination et créativité d’une « expérience de papier » (Erik A. Heinrichs, Erik Heinrichs, « The Live Chicken Treatment for Buboes: Trying a Plague Cure in Medieval and Early Modern Europe », Bulletin of the History of Medicine, 2017)
  • « Pourquoi certaines maladies rendent-elles malades ceux qui s’approchent alors que personne n’est guéri par la santé ? » (Problemata, VII, 4)
  • La compassion et le pouvoir de l’imagination (Béatrice Delaurenti, La Contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, Paris, 2016)
  • Dispositio morbida et forme spécifique, ou comment intégrer l’inexpliqué de la contagion humaine dans le système explicable des humeurs
  • Cette « effrayante maladie qui nous envahit » : Gentile da Foligno, du commentaire du Canon d’Avicenne au Consilia contra pestilentiam (Joël Chandelier, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, 2017)
  • « Si on nous demande : comment nous en remettre à la théorie de la contagion (da’wa-l-adwa) quand la loi nie cela, nous répondons : l’existence de la contagion est solidement établie par l’expérience, par l’étude, par la perception, par la constatation et par la fréquence des données. Ce sont les éléments de la preuve » (Ibn al-Hatib, Celle qui convainc le poseur de questions sur la maladie terrifiante, 1348, cité par François Clément, « À propos de la Muqni’at al-sa’id d’Ibn al-Hatib sur la peste à Grenade en 1348-1349 », dans Id., dir., Epidemies, épizooties. Des représentations anciennes aux approches actuelles, Rennes, 2017)
  • Médecine arabe et refus des formes magiques de la contagion (Justin Stearns, Infectious ideas. Infectious ideas. Contagion in Premodern Islamic and Christian Thought in the Western Mediterranean, Baltimore, 2011)
  • La souillure, la tâche et l’infection : seuls les péchés sont contagieux (Aurélien Robert, « Contagion morale et transmission des maladies : histoire d’un chiasme (XIIIe-XIXsiècle) », Tracés, 2011)
  • Pourquoi faut-il isoler les lépreux ? Le morbus contagiosus de la maladie et la macule du péché (Maaike van der Lugt, « Les maladies héréditaires dans la pensée scolastique », dans L’Hérédité entre Moyen Âge et époque moderne, Florence, 2008)
  • Pollution, contagion, scandale (Arnaud Fossier, « La contagion des péchés (XIe-XIIIsiècle) », Tracés, 2011)
  • Le mauvais œil, la maladie d’amour et le pouvoir des femmes (Mary F. Wack, Lovesickness in the Middle Ages. The “Viaticum” and Its Commentaries, Philadelphie, 1990)
  • Amour, altération de l’esprit, mélancolie : « La contagion de l’amour s’opère facilement et devient la peste la plus grave de toute » (Marsile Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, VII, 5, 1469)
  • Girolamo Fracastoro et le De Contagione et contagionis Morbis (1546) : une fausse rupture naturaliste
  • Pharmacie médiévale de la peste et pharmakon
  • « Cette langue qui halète, énorme et grosse, d’abord blanche, puis rouge, puis noire, et comme charbonneuse et fendillée… » (Antonin Artaud, Le Théâtre de la peste, 1938)
  • De la métaphore meurtrière en régime analogique : quand le langage s’affole, la violence peut commencer à s’exercer