Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Les images contemporaines de la tourmente épidémique sont hantées par les temps pestifères. Ce qu’on y voit est moins la réminiscence de motifs iconographiques que la survivance d’un trouble dans la représentation que l’on se propose d’appeler ici le pharmakon de la peste. Du Saint Sébastien d’Antonello de Messine au Supplice de Marsyas de Titien, ce qui se donne à voir n’est pas seulement la hantise d’une « communauté immunitaire » (au sens de Roberto Esposito), mais bien la décomposition de la ressemblance.

Sommaire

  • Qu’avons-nous vu ? Dans l’incendie épidémique, l’humanité défaite
  • Mandchourie, 1910-1911, album photographique (Peste en Mandchourie, catalogue de la Galerie Photos Adnan Sezer
  • Médecine coloniale et compétition internationale : Wu Lien-Teh et le masque anti-peste (Christos Lynteris, « Plague Masks: The Visual Emergence of Anti-Epidemic Personal Protection Equipment », Medical Anthropology, 2018)
  • Dans la collection Mollaret-Brossollet du musée de l’Institut Pasteur (Dominique Chevé, Michel Signoli, « Corps dans la tourmente épidémique, images de peste en Mandchourie », Corps, 2007)
  • Discipline funéraire et sépultures de catastrophe au XIVsiècle : l’exemple de la basilique des Saint-Martyrs-Just-et-Pastor à Barcelone (Dominique Castex et Sacha Kacki, « L’impact des épidémies sur les usages funéraires du passé : faits archéologiques versus idées reçues, dans Cécile Treffort dir., Le Cimetière au village dans l'Europe médiévale et moderne : actes des XXXVjournées internationales d’histoire de l’abbaye de Flaran, Toulouse, 2015)
  • Qu’avons-nous vu, sinon notre hantise ?
  • Du salut public à la santé publique : les politiques urbaines de la preservatio sanitatis (Marilyn Nicoud, « Médecine, prévention et santé publique en Italie à la fin du Moyen Âge », dans Patrick Boucheron et Jacques Chiffoleau dir., Religion et société au Moyen Âge. Études offertes à Jean-Louis Biget, Paris, 2000)
  • La communauté immunitaire et le pahrmakon de la peste (Roberto Esposito, « Immunitas ». Protection et négation de la vie, Paris, 2021)
  • Une tâche rouge : la peste « qui a tué Titien en 1576 » (Le Petit Journal, 19 février 1911)
  • Quand l’épidémie éprouve, transforme et reformule l’espace vénitien au XVIsiècle
  • Métamorphose, castration et écorchement : Le Supplice de Marsyas de Titien (1575-1576)
  • Au-delà de la douleur et affranchi de ce tombeau de l’âme qu’est le corps, le satyre dans la tradition iconologique néo-platonicienne (Jutta Held, « Titian’s Flaying of Marsyas: an Analysis of the Analyses », Oxford Art Journal, 2008)
  • Une lecture plus politique et plus charnelle du tableau, peau vivante de Marsyas (Augusto Gentili, Da Tiziano a Tiziano. Mito e allegoria nella cultura veneziana del Cinquecento, 1998)
  • De la vanité napolitaine au Very Hungry God de Subodh Gupta en passant par Jacopo de Barbari (Laurence Bertrand-Dorléac, Pour en finir avec la nature morte, Paris, 2020)
  • La peau, la tâche, la peste, ou l’inversion de la sacra conversazione (Silvie Bernier, « La Peste en Europe et la peinture italienne : relecture du Supplice de Marsyas de Titien », Cahiers d’études italiennes, 2020)
  • Les vidangeurs de la peste, redoutés et haïs (Jane Stevens Crawshaw, « The Beasts of Burial: Pizzigamorti and Public Health for the Plague in Early Modern Venice », Social History of Medicine, 2011)
  • Comment y échapper ? Saint Roch et saint Sébastien
  • La Mors à Saint-André de Lauvaudieu, première attestation iconographique de l’allégorie archère de la peste noire ? (Johan Picot, « Document inédit sur l’épidémie de Peste Noire en basse Auvergne », Bulletin Historique et Scientifique de l’Auvergne, 2007)
  • Un corps fictif impassible : condensation symbolique et puissance apotropaïque de Saint Sébastien
  • Le Saint Sébastien d’Antonello de Messine (1475-1476) nous tient à l’œil : « retournant la visée qui laisse sa trace sur lui, le corps fictif envisage à son tour le spectateur ». (Daniel Arasse, Désir sacré et profane. Le corps dans la peinture de la Renaissance italienne, Paris, 2015)
  • Quand le SIDA « ne s’imaginait pas, ou s’imaginait faussement » (Hervé Guibert, À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, Paris, 1990)
  • Les montages anachroniques de Robert Farber (Thibault Boulvain, « Les Temps pestifères. L’imaginaire de la peste dans l’art des années 1980-1990 », La Revue de l’Art, n° 193, 2016)
  • « Dans l’image, il y a toujours, enfouis, des signes qui ont déjà servi » (Ernest Pignon-Ernest, cité par Thibault Boulvain, L’art en SIDA, 1981-1997, Paris, 2021)
  • D’autres tâches sur les murs : nature morte
  • La peste fut peinte et non dépeinte
  • Les « images malades de la peste », ou la décomposition de la ressemblance (Georges Didi-Hubermann, « Feux d’images. Un malaise dans la représentation du XIVsiècle », préface à Millard Meiss, La Peinture à Florence et à Sienne après la peste noire, Paris, 2013)
  • Qu’est-ce que vous n’avez pas vu ? Le point aveugle de Giorgio Vasari