Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Ces daimones évoqués par Les Travaux et les Jours sont collectifs et mandatés par Zeus. La seule attestation du mot dans la Théogonie apparaît quant à elle au singulier. Elle concerne Phaéthon, « le lumineux », fils d’Éos, la déesse Aurore, et de Képhalos, un humain mortel [1]. Enlevé par Aphrodite dans la fleur de sa jeunesse, la déesse en fait un daimōn divin, « desservant de l’intérieur dans ses temples divins » (986-991). D’autres cas d’enlèvements d’humains par une déesse sont énumérés par la même Aphrodite dans l’Hymne pseudo-homérique qui l’honore, quand elle dit à Anchise que sa famille a connu au moins deux événements de ce type, avec Ganymède enlevé par Zeus et Tithonos enlevé par Éos. Ces humains « s’approchent le plus des dieux par l’apparence et la prestance » (HhomAph,201-202 ; cf. 218‑219). De telles comparaisons permettent de considérer à la fois les ressemblances et les distinctions avec le cas de Phaéthon tel que le dessine la Théogonie. Car, s’il bénéficie lui aussi d’une complexion proche des dieux et de la fleur de la jeunesse, la destinée que lui réserve Aphrodite se situe dans ses sanctuaires, et donc parmi les hommes. Ce statut de « gardien du temple » permet d’affiner la notion de « puissance d’action d’une divinité parmi les hommes » décelée jusqu’ici. Une comparaison avec certains profils sacerdotaux attestés dans l’Iliade et, bien plus tard, chez Pausanias, permet également de confirmer la proximité potentielle entre prêtre/prêtresse et divinité desservie, et de comprendre l’association entre le statut de nēopolos, « desservant du temple », et celui de daimōn de Phaéthon dans la Théogonie.

Référence

[1] Jean Rudhardt, « Le mythe de Phaéthon », Kernos 10 (1997), p. 83-95 ; cf. G. Nagy, « Phaethon, Sappho’s Phaon, and the White Rock of Leukas », Harvard Studies in Classical Philology 77 (1973), p. 137-177.