À la croisée de différents publics et de différentes temporalités, Entre-Temps est une revue d’histoire actuelle, collective et entièrement gratuite. Pour le quatrième
Pourquoi dans l’à-propos que l’on peut lire sur votre site web, définissez-vous votre revue comme un service public de l’histoire
Patrick Boucheron
Avec Adrien Genoudet, qui a été ATER sur ma chaire pendant trois ans et qui a impulsé les premières années de la revue Entre-Temps, on est donc parti de cette idée. Elle n’a pas été tout à fait abandonnée, puisqu’elle existe encore sous la forme de différentes rubriques (notamment celle qui s’appelle «
À qui s’adresse la revue
Je ne pense pas que ce soit le grand public. Dans mon activité générale, qui joue sur une gamme que j’espère la plus variée possible entre l’histoire savante et l’histoire publique, je tente de doser, au plus juste, les différentes formes d’adresse
Vous avez créé cette revue quatre
C’était le temps du développement. J’avais eu l’idée tout de suite, dans les termes que j’ai définis avec vous, et si elle a évolué c’est aussi parce que je l’ai accordée au désir de l’équipe de jeunes chercheurs qui s’est alors réunie, et renouvelée depuis —
Cela n’empêche pas des thématiques communes, comme la question de l’archive ou plus précisément la mise en scène de l’archive de soi, qui ont donné lieu à quelques «
En plus des historiens, des artistes, plasticiens, écrivains, contribuent à la revue. Pourquoi avez-vous tenu à leur présence
Cela fait partie d’une palette d’activités et d’adresses, qui irait du public le plus académique au plus grand public. Ce n’est pas le lieu d’expression académique pour moi, et ce n’est pas non plus un lieu de vulgarisation, même si certains collègues, notamment de l’enseignement secondaire, y racontent des dispositifs pédagogiques.
Cela rend compte d’un intérêt ou d’une attention générale aux formes de mise en présence du passé qui ne sont pas seulement celles de l’espace académique. L’écriture académique de l’histoire n’est qu’une des formes de mise en présence du passé. L’essentiel de notre travail réside dans l’inventaire critique des différentes formes d’écritures

Comment se situe Entre-Temps par rapport aux autres revues d’histoire, depuis L’Histoire, très grand public, ou la revue Annales, histoire et sciences sociales, beaucoup plus académique
Ce sont des revues que je connais très bien. J’ai rejoint le comité de rédaction de la revue L’Histoire en 1999. Ce furent nos premiers partenaires, avec Emmanuel Laurentin qui produisait La Fabrique de l’histoire sur France Culture, mais aussi mes complices habituels comme le théâtre de la Colline à Paris, le Grand
Comment percevez-vous le paysage des revues scientifiques, aujourd’hui ? Quelles sont les grandes tendances
Je ne pense pas qu’Entre-Temps ait une quelconque place dans le paysage des revues scientifiques, car elle échappe aux problématiques qui sont celles de ce milieu, notamment la question économique et la question de l’évaluation. Si l’on était dans un modèle marchand, elle serait ce qu’on appelle un «
Au-delà du modèle économique, Entre-Temps se veut aussi un espace ouvert, sans évaluation.
Oui, et cela aussi nous éloigne du monde des revues, qui ont un rôle de transmission (et même de production) du savoir, mais aussi d’évaluation des carrières. Si l’on écrit pour une revue, c’est généralement parce qu’on en espère un gain —
Propos recueillis par Aurèle Méthivier