Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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La vision apocalyptique que la peste justinienne transmet au Moyen Âge, à travers notamment les motifs du mauvais œil et de l’image miraculeuse, imprègne toujours notre conception de l’arrivée de la peste noire en Europe. Une relecture critique du récit, par Gabrielle de Mussi, du siège de Caffa de 1346 permet de mettre à distance la hantise contemporaine de la guerre bactériologique et de reconstituer les routes de la peste en Eurasie depuis cette plaque tournante que constitue la Horde d’Or, en reculant dans l’espace et dans le temps, jusqu’au milieu du XIIIsiècle, et en reconsidérant les vecteurs animaux de sa transmission.

Sommaire

  • « Quand la peste passait d’un lieu à un autre, on voyait comme une barque d’airain dans laquelle siégeaient des hommes noirs et sans tête » (Michel le Syrien, Chronique, IX, 28)
  • Qui sont-ils ? Halluciner l’histoire, voir la fin des temps
  • « La fin du monde n’est pas seulement une prédiction, elle est en train d’arriver » (Grégoire 1er, Dialogues, 3, 38-3)
  • De Rome au royaume de Himyar, une koiné eschatologique (Yohannes Gebre Selassie, « Plague as a possible factor for the decline and collapse of the Askumite Empire: a new interpretation », Ityopis, 2011)
  • La peste dans les premières sources de l’Islam : la peste d’Emmaüs et le « hadith de la peste »
  • Qu’est-ce que l’adwa ? Le mauvais œil, ou mourir d’être vu (Mohammed Melhaoui, Peste, contagion et martyre. Histoire du fléau en Occident musulman médiéval, 2005)
  • Grégoire le Grand, la peste de 590 et l’image miraculeuse
  • « Et voilà que l’air corrompu et infecté s’écartait pour faire place à l’image, comme s’il n’en pouvait supporter la présence. En sorte qu’en arrière du tableau restait une merveilleuse sérénité et l’air reprenait toute sa pureté » (Jacques de Voragine, La Légende dorée)
  • Messine, septembre 1347 : « les équipages de douze galères génoises fuient la vengeance de Dieu provoquées par leurs actions scélérates » (Michele da Piazza, Historia Sicula)
  • L’imaginaire cartographique de la peste noire : de la Blitzkrieg (Bucholz, 1965) au tsunami (Carpentier, 1964)
  • Où sont les blancs de la carte ? (David Mengel, « A Plague on Bohemia? Mapping the Black Death », Past & Present, 2011)
  • Le siège de Caffa en 1346 et les trébuchets de Djanibeg : une arme de bioterrorisme ? (Mark Wheelis, « Biological Warfare at the 1346 Siege of Caffa », Emergind infectious diseases, 2002)
  • Une terreur contemporaine, donc archaïque
  • Une seule source : Gabriele de Mussi, Storia de Morbo sive Mortalitate quae fuit Anno Domini MCCCXLVIII
  • Comment lire Gabriele de Mussi ? Les Mongols, peuples de l’Apocalypse
  • La contagion possible : puanteur des cadavres et théorie miasmatique
  • Passer derrière le trébuchet de Djaniberg : la Mer noire, cœur battant des échanges de l’Ancien Monde (Hannah Barker, That Most Precious Merchandise: The Mediterranean Trade in Black Sea Slaves, 1260-1500, 2019)
  • Les réseaux vénitiens de Tana, vecteurs de la peste noire : quand l’épidémie n’est pas fille de la guerre, mais de la paix (Hannah Barker, « Laying the Corpses to Rest: Grain Embargoes and the Early Transmission of the Black Death in the Black Sea, 1346-1347 », Speculum, 2021)
  • Reculons davantage : dans les pas de l’archéologue russe Daniel Chwolson au lac Issyk-Kuhl (Kirghizistan actuel) en 1885
  • Mourir de la peste en 1338 ? Les stèles des chrétiens nestoriens de la vallée du Chu (Philip Slavin, « Death by the Lake: Mortality Crisis in Early Fourteenth-Century Central Asia », Journal of Interdisciplinary History, 2019)
  • La Horde d’Or, plaque tournante de la peste noire (Uli Shamiloglu, « The impact of the Black Death on the Golden Horde: Politics, Economy, Society, Civilization », Golden Horde Review, 2017)
  • Où l’on retrouve nos marmottes. Marmotta baibacina et le Big bang génétique de Yersinia pestis (Galina A. Eroshenko, Nikita Yu Nosov et al., « Yersinia pestis strains of ancient phylogenetic branch 0.ANT are widely spread in the high-mountain plague foci of Kyrgyzstan », PLoS ONE, 2017)
  • Tartare de marmottes à la rhubarbe : pharmacopée chinoise et sciences modernes (Robert Hymes, « A Hypothesis on the East Asian Beginnings of the Yersinia pestis Polytomy », The Medieval Globe, 2014)
  • Reculer encore : anciennes et nouvelles « routes de la soie » (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 2020)
  • Les mondes de la peste : un réseau qui s’étoile (Julien Loiseau, « Les routes de la peste noire », dans Patrick Boucheron, Christian Grataloup, Gilles Fumey dir., L’Atlas global, 2014)