Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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[1] Maga et yāh

Ces deux mots sont mentionnés en rapport exclusif avec l’énumération des noms propres :

  • maga apparaît au Y 46.14, Y 51.11, Y 51.16 :
  • yāh apparaît également au Y 46.14, puis au Y 49.9.

Il nous reste encore à analyser la Gāθā Ahunauuaitī où les deux termes ne sont pas intégrés à l’énumération des noms propres, mais dans laquelle ils apparaissent plus tard au Y 29.11 et Y 30.2.

Que se passe-t-il dans le texte entre l’énumération des noms propres et la mention du maga et du yāh ? Il s’agit de la « plainte de l’âme de la Vache » (Y 29). Les attestations de maga et de yāh permettent d’intégrer au processus que représente l’énumération des noms propres la plainte de l’âme de la Vache.

maga

Ce terme ne se rencontre qu’en vieil-avestique. Quant à l’étymologie, elle ne nous est pas d’un grand secours puisque le parallèle avec l’indien maṃh- « accorder », d’où la traduction par « bienfait », s’est avéré faux. L’étymologie de Mayrhofer avec le skt. maghá- « force, pouvoir » ne semble pas opératoire dans les contextes dont nous disposons.

yāh

Le mot existe encore en avestique récent dans le composé yās-kǝrǝt- « faiseuses de yāh » (Yt 13.75) en parlant des Frauuaṣ̌is, soit une qualité que l’on attribue aux divinités. Quant à l’étymologie, elle est difficile par l’ambiguïté de deux racines « demander » et « aller en véhicule ». Si nous gardons la première solution, il faut se demander quelle est cette grande demande ? Un indice se trouve dans le Yasna Haptaŋhāiti, qui mentionne le terme au Y 36.2 : « Toi que voilà très exaltant, puisses-tu rencontrer l’objet de notre demande, ô feu du Maître Mazdā ! Par l’exaltation que donne le très exaltant, par l’hommage que rend le très honorant, puisses-tu rencontrer la plus grande de nos demandes ! ».

Le Yasna Haptaŋhāiti se compose de trois parties : 1. Y 35-36 : introduction où le Y 35 est un discours sur l’acte (š́iiaoθana) et le Y 36 décrit la sacralisation du feu banal en un feu rituel ; 2. Y 37-39 : yasna central ; 3. Y 40-41 : ensemble de louanges et de demandes, soit un vahma. La transsubstantiation du feu est donc un préalable indispensable au sacrifice, qui ne peut commencer sans cela et qui apparaît au Y 36.

Références