Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Comme habituellement, les textes en langue originale se trouvent dans le résumé téléchargeable ci-dessous.

La fameuse strophe dite des jumeaux : Y 30.3

Lors de la dernière leçon, nous avons commencé à aborder la syntaxe de cette strophe : l’indication fournie par l’enclitique et la restitution de vaxšiiā « je vais dire » dans le premier hémistiche de la première strophe. Continuons notre investigation syntaxique :

- L’enclitique , occupant la deuxième position de phrase, indique clairement que le mot qui le précède est le premier de la phrase, soit š́iiaoθanōi. Ici, on peut considérer que manahicā vacahicā š́iiaoθanōi (locatif de temps) forme un groupe unitaire puisqu’il s’agit de la fameuse triade « pensée, parole et action ». De ce fait, chaque vers constitue un ensemble.
- L’enclitique , au duel, nous indique qu’il y a deux manières de penser, de parler et d’agir : vahiiō « la meilleure » ou akǝm « la mauvaise », adjectif au neutre ne pouvant donc pas se rapporter au mainiiu.
- ås°, duel indifférencié quant au genre, implique une ambiguïté puisqu’il peut se rapporter à la triade ou aux deux mainiius.

Du point de vue syntaxique, la traduction serait donc la suivante : « (Je vais dire) les deux mainiius antiques qui, durant le sommeil, ont été considérés comme jumeaux, (mais) au moment de penser, de dire (et) de faire, il y a la bonne et la mauvaise manière de penser, de dire et de faire. Entre les deux, les généreux font d’emblée la différence, non les avares ».

La sémantique

Dans ce vers, les problèmes sont d’ordre différent et de gravité extrêmement irrégulière :

- hudāh-, cf. véd. sudā́s signifie « généreux, celui qui fait de beaux cadeaux » s’opposant ainsi à duždāh « celui qui fait de mauvais cadeaux, avare ».
- La triade « pensée-parole-action » : à comprendre de manière éthique ou rituelle ? Pour y répondre, il nous faudra étudier le contexte.
- pauruiia « premier », mais en importance ? en ordre d’apparition ?
- yǝ̄mā « jumeau », souvent associé à une signification mythologique, mais est-ce vraiment le cas ici ?
- xvafǝnā « le sommeil », cf. skt. svapna-, interprétation qui a toujours posé problème aux différents traducteurs, ici à traduire plutôt comme un complément de temps « pendant le sommeil ».