Les récits de Commerson, Bougainville et Cook ont gravé dans l’imaginaire européen une image idyllique du séjour à Tahiti, véritable paradis terrestre, et de l’hospitalité offerte par les hommes et les femmes tahitiennes. Pourtant, une lecture attentive des journaux de bord révèle une réalité différente
Les échanges se développèrent alors selon une double modalité
Dans les récits européens, la liberté sexuelle des femmes tahitiennes est un thème récurrent. Mais le mythe de l’île de Cythère, dédiée aux plaisirs de l’amour, est une projection fantasmée et littéraire, qui recouvre une réalité bien plus sordide, où des jeunes filles étaient encouragées, et peut-être contraintes, à avoir des relations sexuelles avec les nouveaux venus. Pour l’anthropologue Serge Tcherkézoff, ces pratiques étaient des cérémonies rituelles visant à capter le pouvoir surnaturel des Européens, et ceux-ci se seraient totalement mépris en n’y voyant qu’une forme d’hospitalité sexuelle. La lecture des textes invite à une interprétation plus nuancée. Les rapports entre les femmes tahitiennes et les marins semblent relever du double registre de l’échange décrit précédemment