Depuis 2024, le dispositif « Chaire d’excellence en biologie/santé » a pour objectif de soutenir les travaux en France des chercheurs et chercheuses de grand talent. Sonia Garel, professeure titulaire de la chaire Neurobiologie et immunité, est lauréate 2025 pour le projet « MicroProtect – Décrypter les fonctions neuroprotectrices des microglies : du développement cérébral à la neurodégénérescence ».
Comment le cerveau se protège-t-il face aux contraintes mécaniques et environnementales qui accompagnent sa formation ? Longtemps considérées comme de simples sentinelles immunitaires, les microglies – macrophages résidents du système nerveux central – émergent aujourd’hui comme des actrices clés de la préservation de l’intégrité cérébrale dès les stades précoces du développement. Le projet MicroProtect vise à caractériser un état particulier de microglies embryonnaires et périnatales, actif aux frontières cérébrales vulnérables, qui prévient la formation de lésions tissulaires et favorise la réparation.
De manière remarquable, ces microglies développementales partagent des propriétés fonctionnelles avec celles activées dans les contextes neurodégénératifs. Cette convergence suggère l’existence d’un programme neuroprotecteur conservé, reposant notamment sur des voies de signalisation qui régulent leur capacité à détecter, internaliser et éliminer efficacement les débris cellulaires ou les agrégats délétères.
Ce projet interdisciplinaire combine approches génétiques chez la souris, imagerie, transcriptomique et modèles cellulaires pour décrypter les mécanismes impliqués et explorer comment certains signaux inflammatoires précoces – en particulier la voie interféron activée par les infections virales – peuvent perturber ces fonctions microgliales. Des signaux inflammatoires pourraient contribuer à l’étiologie de troubles neurodéveloppementaux et/ou fragiliser les capacités ultérieures de réponse aux atteintes du système nerveux.
En replaçant les microglies au cœur des processus de protection tissulaire dès le développement, MicroProtect propose un changement de perspective sur les interactions neuro-immunitaires, et ouvre de nouvelles pistes pour la prévention et la réparation cérébrale tout au long de la vie.
