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La Force d’une idée

suivi de « L’idée de justice sociale » d’Alfred Fouillée

Couverture de l'édition imprimée "La Force d'une idée" d'Alain Supiot

Alain Supiot

La force d’une idée, suivi de L’idée de justice sociale d’Alfred Fouillée

Tirant les leçons de la Première, puis de la Seconde guerre mondiale, la constitution de l'OIT (1919), complétée par la Déclaration de Philadelphie, ont affirméa que « l'injustice, la misère et les privations [engendrent] un tel mécontentement que la paix et l'harmonie universelles sont mises en danger » en sorte « qu’une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale » . Fut ainsi consacrée juridiquement une « idée de justice sociale », qui avait trouvé sa première formulation théorique dans un texte séminal d’Alfred Fouillée, publié en 1899 dans la Revue des Deux Mondes. Ce livre propose une relecture de ce texte séminal 120 ans après sa première publication.

Fouillée  (1832-1912) est un philosophe dont l’importance a été perdue de vue, alors qu’à l’instar de Durkheim et de Léon Bourgeois, il est de ceux qui ont contribué à renouveler la pensée politique à la fin du XIXe siècle et à poser les bases théoriques de ce que notre constitution appelle la « République sociale ». Les juristes ne le connaissent guère que pour sa formule « Qui dit contractuel dit juste », formule soigneusement extraite de son contexte pour lui faire dire le contraire de ce qu’elle signifiait pour son auteur.

À la base de son travail, il y a une réflexion sur le rapport entre liberté humaine et déterminisme scientifique, rapport qu’il a proposé de penser en termes d’« idée force », c’est-à-dire en tenant compte de la capacité de certaines idées d’exercer une action transformatrice du réel. Selon lui, « Toute idée conçue par nous a une action sur nous et tend à se réaliser par cela même qu’elle est conçue ». Penser une chose, c’est déjà la commencer. Dans cet univers des idées, certaines – comme la liberté, le droit ou la démocratie – expriment des idéaux à réaliser dans l’organisation de la société humaine. Ces idées directrices ou idées forces sont en elles-mêmes des moteurs intellectuels de l’action individuelle et collective. « Le droit, écrit-il, est précisément une idée tournée vers l’avenir : il est pour ainsi dire le respect de l’avenir dans le présent même, sans compter qu’il est aussi, peut-être, le respect de ce qui est supérieur aux considérations de temps ».

Supiot A., La force d’une idée, suivi de L’idée de justice sociale d’Alfred Fouillée, Paris, Les Liens qui libèrent, 2019, 112 p.
Nouvelle édition de l’article d’Alfred Fouillée « L’idée de justice sociale d’après les écoles contemporaines », Revue des Deux Mondes, vol. LIX, 1899, T. 152, p. 47-75.

ISBN : 979-10-209-0771-4
Parution : 6 novembre 2019