Résumé
Kenzaburô Ôé (1935-2023), lauréat du prix Nobel, a écrit ses livres de sa propre main tout au long de sa vie. Les 19 000 pages de manuscrits déposés à l'université de Tokyo ont été écrites selon le principe « effacer et écrire », où les traces de corrections et d'ajouts sont clairement identifiables. Un examen attentif de ses manuscrits révèle des aspects visuellement intéressants, tels que des citations dans les langues d’origine et des corrections colorées au crayon, ainsi que des caractéristiques propres à son écriture qui ne sont pas reproduites dans le texte imprimé. Cette manière d'écrire est étroitement liée à la construction de ses romans
Le roman Le Jeu du siècle, publié en 1967, occupe une place incontestable dans son œuvre par la construction d'un monde mythique et une écriture qui transcende le temps et l'espace. L'auteur y relie les révoltes populaires de l'ère Meiji et le mouvement social des années 1960, l'indigène et l'urbain, en proposant une profondeur de l’ordre du mythe. En comparant les manuscrits inédits, des avant-textes, et le texte publié, on peut non seulement suivre le processus génétique du roman, mais aussi mettre en évidence le lien organique entre sa manière d’écrire et sa poétique.