Résumé
« La génétique, m’a dit un jour un ami mathématicien, cela vous a un petit parfum de pomme et de serpent. » Je crains fort que l’odeur n’en soit aujourd’hui beaucoup moins poétique, tant elle s’est peu à peu imprégnée de chimie. Située au cœur de la biologie, la génétique se trouve actuellement en pleine ébullition. C’est dire que sa place au Collège de France est justifiée. C’est dire aussi que la tâche de l’enseigner ici est à la fois aisée et ardue. Aisée, parce que d’avoir à démontrer les détours d’une connaissance sans cesse en mouvement ne peut qu’être source d’exaltation pour l’homme de sciences. Ardue, parce que, dans le tourbillon des idées, des découvertes, des hypothèses, dans l’agitation même de sa propre pensée, mettre suffisamment d’ordre et de rigueur pour communiquer un équilibre aussi mobile devient une tâche redoutable… François Jacob
Avec l’accès à la chimie du gène et de son fonctionnement, la cellule bactérienne offrait la possibilité de donner un contenu chimique et physique aux vieux concepts biologiques d’hérédité, de variation et d’évolution. Dès 1943, le physicien Erwin Schrödinger arrivait à la conclusion suivante : « L’élément essentiel d’un être vivant, la fibre chromosomique, présente la même solidité de structure qu’un cristal. Elle contient, écrit en langage chiffré, tout le devenir d’un organisme, de son développement et de son fonctionnement. » Interpréter les phénomènes de la vie par les propriétés des structures moléculaires qui caractérisent la cellule, telle devenait l’une des ambitions de la biologie. Nous savons que désormais le mécanisme de la reproduction et de l’hérédité est à la portée de notre chimie expérimentale.