Résumé
Les espèces marines non indigènes sont à la fois témoins et acteurs d'un monde en pleine évolution. Leur établissement dans de nouveaux environnements soulève un paradoxe : comment parviennent-elles à s'installer durablement dans des habitats où elles n'ont pas évolué ? Ce paradoxe n'est pourtant qu'apparent. La récurrence des événements d'introduction, souvent liée à l'essor du commerce maritime international, est par exemple un facteur clé de leur établissement. Les ports, qui concentrent les activités de navigation commerciale et de plaisance, sont ainsi des points chauds d'introduction d'espèces non indigènes. Véritables archétypes des habitats urbains marins, ils constituent également de précieux laboratoires naturels pour observer les processus évolutifs en œuvre chez ces espèces : métissages entre populations génétiquement distinctes, structuration génétique en mosaïque résultant de dispersions locales et à longue distance, émergence d'écotypes issus de l'hybridation entre espèces indigènes et introduites. Autant de dynamiques qui, sans les dispersions dues aux activités humaines, seraient restées très rares, voire impossibles. Ainsi, en milieu marin, les invasions biologiques, le transport maritime et l'urbanisation côtière, facettes majeures de la mondialisation, interagissent étroitement et favorisent l’émergence de nouvelles interactions écologiques et de nouvelles lignées évolutives.