Ethnologue et archéologue, André Leroi-Gourhan joue un rôle moteur dans le développement des disciplines préhistoriques, notamment pour l’étude de terrain en s’attachant à une systématisation rigoureuse des relevés archéologiques et à une approche pluridisciplinaire de la fouille (géologie, archéozoologie, palynologie, etc.).
Sa pratique d’une « ethnologie du passé » le conduit à concevoir l’évolution humaine comme une coévolution du biologique et du technique, reliant culture matérielle, structures mentales et organisation sociale. Il discute notamment la transmission du geste et de l’outil par la parole.
Lors de ses cycles de cours au Collège de France de 1969 à 1982, il s’attache à présenter les démarches techniques permettant l’interprétation du contexte archéologique ou « l’interprétation des structures enfouies ». L’exemple des huttes de Pincevent fait alors l’objet d’un cycle de leçons (1970-1971) illustrant la fouille, l’organisation spatiale des objets et la reconstitution de l’occupation humaine.
L’approche thématique de l’espace est centrale dans son discours (géologie, géométrie et chronologie) et il développe une conception des temps préhistoriques structurée par des cultures matérielles (les objets archéologiques) et par des paléoenvironnements identifiés par la faune et les restes polliniques et carpologiques (permettant notamment de déterminer l’alternance des périodes glaciaires et interglaciaires).
Notice rédigée par Juliette Henrion (docteure rattachée à la chaire de Paléoanthropologie, CIRB-Collège de France-CNRS /UMR 7241 - Inserm U1050).