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Les 22, 23 et 24 juin, colloque international avec le Pr Descola. Un « tournant animaliste » en anthropologie ?

Colloque International
Fondation A et P Sommer
LAS / APRAS

Les 22, 23 et 24 juin 2011

  • Collège de France
    11, place Marcelin-Berthelot
    75005 Paris

Présentation

L'anthropologie sociale a toujours inclus la nature et les animaux dans son champ d'étude, puisque toute société entretient toujours avec eux des relations matérielles ou idéelles, et qu'ils sont ainsi partie intégrante des communautés humaines. Or, depuis deux ou trois décennies, l'exploration des relations entre hommes et animaux s'est développée au point de constituer un domaine spécialisé de recherche. Ce phénomène peut utilement faire l'objet d'un retour réflexif des anthropologues sur leurs propres travaux. Il n'est pas douteux que cet intérêt récent soit un effet de la conjonction, dans les sociétés occidentales, entre un certain appauvrissement de la fréquentation et de la connaissance des animaux, et un développement des sciences du vivant, notamment des approches éthologiques et cognitivistes, qui étendent volontiers la culture au règne animal. Les différences entre hommes et animaux tendent ainsi à s'estomper, d'où une reviviscence de réflexions philosophiques et de préoccupations morales qui avaient inspiré les premiers mouvements de protection des animaux aux XVIIIe et XIXe siècles, mais avec des orientations et des arguments sensiblement différents. Peut-on alors parler d'un « tournant animaliste », entendu à la fois comme position politique et morale de défense des animaux, et comme position épistémologique postulant une continuité entre hommes et animaux en donnant à ces derniers une subjectivité ou une « agency » ? Ces deux perspectives sont-elles nécessairement liées ? Jusqu'à quel point l'intérêt pour « l'Animal » contribue-t-il à la connaissance des animaux autant que des hommes en société, à la connaissance de la diversité et de la complexité de la cohabitation des vivants ? Peut-il constituer un objet d'étude à part entière ? Les approches méthodologiques sont-elles orientées, et si oui comment, par les formes d'engagement autour de ce qu'on appelle aujourd'hui « la question animale » ? Débouchent-elles sur des positions métaphysiques qui articuleraient de façon nouvelle les formes du vivant ? Ce colloque ne se propose pas d'ajouter une contribution aux nombreux événements et travaux qui se sont multipliés durant cette dernière décennie sur le thème « l'Homme et l'Animal » ou, moins souvent, « les hommes et les animaux ». Il veut au contraire les mettre en perspective, en adoptant un détour réflexif sur le sens, les implications et la portée de ces thèmes, dans les sociétés contemporaines et dans l'anthropologie elle-même, considérée dans ses frontières avec la philosophie, les sciences cognitives, la morale et la politique.

Social anthropology has always included nature and animals in its field of study, since every society entertains material or ideal relations with them, and since they take part to human communities. But in the last two or three decades, the study of human-animal relationships has been developed in such a way as to become a specialized field of research. This phenomenon needs to be reflexively tackled by anthropologists. No doubt this recent interest is an effect of the conjunction, in Western societies, of a decreased frequentation and knowledge of animals, and an increased developement of life sciences, particulary in cognitive sciences and ethology, who extend the notion of culture to animals. The differences between human and animals tend to vanish, provoking a renewal of the philosophical and moral preoccupations that inspired the first animal protection movements in the 18th and the 19th centuries, but with different orientations and arguments. Can we then speak of an "animalist" turn, if we understand by this term both a moral and political position defending animals, and an epistemological position postulating a continuity between humans and animals by giving them the same agency ? Are these two perspectives linked ? Can the interest for "the animal" contribute to the knowledge of humans and animals living in society ? Are methodological approaches oriented, and how, by forms of engagement around what is now called "the animal question" ? Do they lead to metaphysical positions articulating living beings in a new way ? This conference is not just another meeting on "Human and animal" or, less frequently, "humans and animals". It aims to take this theme reflexively, to interrogate the implications and the consequences of this theme in contemporary societies and in anthropology, in its evolving frontiers with philosophy, cognitive sciences , ethics and politics.

Programme

Mercredi 22 juin

Conférences d'ouverture : Anthropologie, histoire, philosophie
Modérateur : Noëlie Vialles (Collège de France, Paris)

  • 14 h 00 : Présentation générale
  • 14 h 20 : Philippe Descola (Collège de France, Paris) – De l'Animal aux animaux
  • 15 h 00 : Harriet Ritvo (MIT, Cambridge) – The Animals' Turn ?
  • 15 h 40 – 16h00 : Pause
  • 16 h 00 : Francis Wolff (ENS, Paris) – L'animal entre épistémologie et éthique
  • 16 h 40 – 17 h 30 : Discussion
  • 18 h 00 – 20 h 00 : Buffet

Jeudi 23 juin

Méthodologies
Modérateur : Sophie Chevalier (Université de Franche-Comté, IIAC-EHESS)

  • 9 h 30 – 10 h 00 : Garry Marvin (Roehampton University, London) – Intimate Relations, Intimate Knowledge:What Ethnographic Research Offers to Human-Animal Studies
  • 10 h 00 – 10 h 30 : Vincent Leblan (Centre Norbert Elias, Marseille) – Un virage anthropologique en primatologie
  • 10 h 30 – 10 h 50 : Discussion
  • 10 h 50 – 11 h 10 : Pause
  • 11 h 10 – 11 h 40 : Jocelyne Porcher (INRA, Paris) – Le travail des animaux d'élevage : un partenariat invisible ?
  • 11 h 40 – 12 h 10 : Emmanuel Grimaud et Stéphane Rennesson (CNRS, Paris) – Jeux d'espèces et cybernétique
  • 12 h 10 – 12 h 30 : Discussion

Dispositifs socio-techniques
Modérateur : Frédéric Keck (CNRS, Paris)

  • 14 h 30 – 15 h 00 : Catherine Rémy (CNRS, Paris) – De la ressemblance et de la dissemblance des hommes et des animaux. Enquête dans le milieu de la xénotransplantation
  • 15 h 00 – 15 h 30 : Etienne Benson (Max Planck Institute, Berlin) – Animals in/as Infrastructures of Environmental Surveillance
  • 15 h 30 – 15 h 50 : Discussion
  • 15 h 50 – 16 h 10 : Pause
  • 16 h 10 – 16 h 40 : Adrian Franklin (University of Tasmania, Hobart) – Investigating the Therapeutic Benefits of Companion Animals : Cardiovascular Disease and Loneliness
  • 16 h 40 – 17 h 10 : Vinciane Despret (Université de Liège) – Usages et heuristiques des corps en éthologie
  • 17 h 10 – 18 h 00 Discussion

Vendredi 24 juin

Attitudes contemporaines
Modérateur : Vanessa Manceron (CNRS, MNHN, Paris)

  • 9 h 30 – 10 h 00 : Janet Browne (Harvard University, Cambridge) – Charles Darwin's View of Animal Emotions : Anthropomorphism and Human Civilization
  • 10 h 00 – 10 h 30 : Christophe Traïni (Institut d'Études Politiques, Aix-en-Provence) – Le « mouvement de libération animale ». Innovation singulière ou réactualisations plurielles ?
  • 10 h 30 – 11 h 00 : Isacco Turina (Université de Bologne) – Incertitude ontologique et engagements militants
  • 11 h – 11 h 20 : Pause
  • 11 h 20 – 11 h 50 : Boria Sax (University of Illinois, Springfield) – Human Histories and Zoocentric Myths : The Wolf and The Raven in World War II
  • 11 h 50 – 12 h 20 : David Fraser (University of British Columbia, Vancouver) – Understanding Animal Welfare : the Science in its Cultural Context
  • 12 h 20 – 12 h 40 : Discussion

Ontologies
Modérateur : Sophie Houdart (CNRS, Paris)

  • 14 h 30 – 15 h 00 : Harvey Feit (McMaster University, Hamilton) – Love, Domination, and Ontological Pluralities in Animal Protectionists' and James Bay Crees' Worlds and Debates
  • 15 h 00 – 15 h 30 : Charles Stépanoff (EPHE, Paris) – Le pastoralisme nomade et ses théories : vers un modèle de cognition distribuée homme-animal
  • 15 h 30 – 15 h 50 : Discussion
  • 15 h 50 – 16 h 10 : Pause
  • 16 h 10 – 16 h 40 : Jean-Pierre Digard (CNRS, Paris) – De la zoomanie à l'animalisme occidentaux : le tournant obscurantiste en anthropologie
  • 16 h 40 – 17 h 10 : Eduardo Viveiros de Castro (Museu Nacional, Rio de Janeiro) – No animal, no Human: the Amazonian Case
  • 17 h 00 – 18 h 00 : Discussion et clôture