Voir aussi :
Tableau classificatoire des races humaines. Horikawa Kensai, Chikyū sanbutsu zasshi, Global Products Compendium, 1872, pour la traduction japonaise. - Sommaire de l’atelier « Race et civilisation au Japon »

Le racisme comme idéologie ou système de pensée, dans ses variantes à prétention scientifique, est une invention européenne, qui n’a pas manqué de stigmatiser la Chine en diffusant le mythe du « péril jaune ». Ce récit de la menace d’une invasion de l’Occident par la « race jaune » constitua une véritable panique morale, touchant toute l’Europe au moment des deux guerres gagnées par le Japon contre la Chine des Qing, puis contre la Russie tsariste, en 1895 et en 1905. Mais, en retour, les théories raciales ont circulé en Chine dès la fin du XIXe siècle, amenant des intellectuels chinois, dans l’empire puis dans le cadre du nationalisme Han et de la République, à formuler une guerre des races pour lutter contre la domination blanche. Se posent dès lors la question de la persistance, jusqu’à aujourd’hui, de ces idées raciales, et celle de leurs éventuelles transformations.

Le phénomène du racisme existe aussi sous diverses autres modalités qu’idéologiques : discriminations, ségrégations, violences, préjugés, stéréotypes, etc. Peut-on en repérer des expressions dans la Chine contemporaine, et avec quelle profondeur historique ? Si oui, celle-ci relève-t-elle d’une logique de circulation en sens unique, de l’Europe notamment vers la Chine ? 

Ce colloque organisé par la Chaire d’Histoire intellectuelle de la Chine, sous la responsabilité scientifique d’un collectif composé d’Anne Cheng, Annette Wieviorka, Michel Wieviorka et Régis Meyran, entend examiner les flux porteurs du racisme en privilégiant l’axe qui conduit de l’Europe vers la Chine, sans écarter d’autres circulations aboutissant en Chine, ou qui en partent, ou bien encore qui fonctionnent en son seul sein. Il tiendra compte de l’existence d’une importante diaspora chinoise, dans sa diversité, ses liens avec la Chine, et le racisme qu’elle peut subir, mais aussi dont elle peut devenir le vecteur. Pluridisciplinaire, il s’intéressera aussi bien à l’épaisseur historique de ces questions, qu’à leurs dimensions anthropologiques et sociologiques.

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