15:30 à 16:30
Cours

Le fait urbain en Asie centrale préislamique : approche diachronique, approche synchronique, III : la crise urbaine et la réurbanisation (IIIe-VIs.), un processus général ? (suite) (2)

Frantz Grenet
Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

Résumé

La seule présentation d’ensemble en langue occidentale des données historiques et surtout archéologiques se trouve dans les sections correspondantes du livre de Boris Livinskij, La Civilisation de l’Asie centrale antique (Rahden, Leidorf, 1998), achevé pour l’essentiel en 1985, donc l’état des connaissances est-soviétique final [3]. Les défauts en sont : des références non hiérarchisées, ne distinguant pas assez entre sources textuelles et littérature érudite ; une tendance à trop généraliser d’après son propre terrain (la partie tadjike du Tokharestān, qui offre probablement une version optimiste de la période). Les qualités sont l’ampleur de l’information et le sens du terrain.

Les seules tentatives de reconstructions événementielles détaillées sont dues à l’école numismatique de Vienne. L’ouvrage fondateur est celui de Robert Göbl, Dokumente zur Geschichte der Iranischen Hunnen in Baktrien und Indien, Wiesbaden, Otto Harrassowitz, 1967. Cette école manifeste une confiance extrême dans le raisonnement numismatique, au prix parfois de contradictions avec les autres ordres de données et d’une grande indifférence à l’archéologie. Par ailleurs, les corpus publiés ne couvrent pas la Sogdiane, pour laquelle les publications numismatiques dues à des savants russes et ouzbeks sont plus dispersées. Parmi les titres récents, on recommande surtout Matthias Pfisterer, Hunnen in Indien, Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 2014, et Michael Alram, Das Antlitz des Fremden, Vienne, même éditeur, plus synthétique.

Rappel des cadres chronologiques globaux

Cinq grandes phases scandent la période allant du IIIe au VIIsiècle sur l’ensemble du domaine étudié, avec des chocs miliaires dont les directions alternent.

  1. Occupation sassanide (c. 230-c. 280) au Tokharestān (comme est désormais désignée l’ancienne Bactriane).
  2. Dynastie autonome des Kouchano-sassanides (c. 280-380) au Tokharestān, tandis que la Sogdiane demeure dans l’orbite de la confédération nomade des Kangju, basée dans les steppes du Syr-Darya.
  3. Invasions des Chionites (nom irano-grec des Huns), sur la frontière sassanide à partir de c. 355, occupant le Tokharestān avant 380.
  4. Puis des constructions impériales hybrides, elles aussi couvertes par le nom de « Huns », prennent naissance au Tokharestān et annexent la Sogdiane : Kidarites (c. 420-476, quelques décennies plus tôt selon les numismates viennois) ; Hephtalites (c. 466-560).
  5. Retour en scène de la steppe avec l’empire des Turcs occidentaux (560-658, avec des prolongements fragmentés jusqu’à la conquête arabe).

Références