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Une nouvelle lecture de la stèle de Mésha pourrait avoir des conséquences d'une grande portée pour l'histoire biblique

Fondés sur l'étude de clichés pris à haute résolution, de récents travaux offrent une compréhension inédite du texte de la stèle royale.

Stèle de Mésha, ligne 31 (réplique de l'original en plâtre présentée au musée du Louvre)
Stèle de Mésha, ligne 31 (réplique de l'original en plâtre présentée au musée du Louvre)

La stèle de Mésha est une pierre gravée datant de la seconde moitié du IXsiècle avant notre ère. Selon une nouvelle lecture du texte gravé sur la stèle de Mésha, le roi biblique Balak a sans doute été une figure historique importante.
 
Jusqu'à récemment, l'un des noms propres qui figurent sur la ligne 31 de la stèle se lisait comme בית דוד (« Maison de David »). Les travaux des auteurs suggèrent de lire cette inscription « Balak », qui désigne un roi de Moab mentionné dans l'histoire biblique de Balaam (Nombres 22-24). C'est ce que proposent l'archéologue Israël Finkelstein et les historiens de la Bible Nadav Na'aman et Thomas Römer (Professeur titulaire de la chaire Milieux bibliques du Collège de France) dans un article publié dans la revue Tel Aviv: The Journal of the Institute of Archaeology of Tel Aviv University.
 
La stèle de Mésha a été découverte au XIXsiècle dans les ruines de la ville biblique de Dibon à Moab (en Jordanie actuelle). Elle est aujourd'hui conservée au Louvre. L'inscription de la pierre raconte l'histoire de l'expansion territoriale et des efforts de construction menés par le roi Mésha de Moab, un personnage mentionné dans la Bible. Si la stèle a été détruite au XIXsiècle et que plusieurs parties sont manquantes, certains fragments ont été conservés ainsi qu'une copie inversée de l'inscription, obtenue grâce à une technique d'estampage. Celle-ci avait pu être réalisée avant que la stèle ne soit dégradée.
 
Les auteurs ont étudié de nouvelles photographies à haute résolution de l'estampage et de la stèle elle-même. Ces nouvelles images montrent clairement trois consonnes dans le nom du monarque mentionné à la ligne 31. La première est la lettre hébraïque beth (son ‘b').
 
Alors que les autres lettres sont effacées, les auteurs estiment que le candidat le plus probable pour le nom du monarque est « Balak ». Le trône du roi mentionné à la ligne 31 se trouvait à Horonaim, un lieu mentionné quatre fois dans la Bible en relation avec le territoire moabite situé au sud de la rivière Arnon. « Ainsi, Balak peut être une personnalité historique comme Balaam, qui, avant la découverte de l'inscription de Deir Alla, était considérée comme une figure "inventée" », suggèrent-ils.
 
« Les nouvelles photographies de la stèle Mesha et de l'estampage indiquent qu'il n'est plus possible de considérer que l'expression "Maison de David" – jusqu'ici acceptée par de nombreux chercheurs depuis plus de deux décennies – est mentionnée sur la stèle », concluent les auteurs. « Avec la prudence qui s'impose, nous proposons de la remplacer par le nom du roi moabite Balak, qui, selon l'histoire de Balaam dans Nombres 22-24, cherchait à infliger une malédiction divine au peuple d'Israël. »
 
« Ce récit a été écrit postérieurement à l'époque du roi Moabite mentionné par la stèle de Mésha. Cependant, pour donner un sens d'authenticité à son récit, son auteur a pu intégrer dans l'intrigue certains éléments empruntés à la réalité ancienne, notamment deux noms de personnes, ceux de Balaam et de Balak. »

Traduction du communiqué original diffusé par Taylor&Francis Group.