Colloque

La notion de « polis-religion » à l’épreuve des normes et de l’autorité religieuses

du au

Colloque organisé sur le site Ulm du Collège de France : 3 rue d’Ulm, 75231 Paris cedex 05.

 Copie moderne en bronze de la stèle d’Acharnes portant le serment des éphèbes athéniens.
Copie moderne en bronze de la stèle d’Acharnes portant le serment des éphèbes athéniens.

La notion de « polis-religion » a été popularisée dans le milieu des hellénistes par deux articles de Christiane Sourvinou-Inwood publiés dans les années 1980 et repris dans les Oxford Readings of Greek Religion en 2000. Au cœur d’un argument nuancé, l’autrice a eu le malheur d’écrire les phrases suivantes : « The polis anchored, legitimated and mediated all religious activity », et « Polis religion embraces, contains and mediates all religious discourse. » Ces affirmations se sont transformées en une sorte de synthèse de ses deux études, conduisant maints critiques à faire l’économie d’une lecture attentive de l’ensemble du propos. Or, contrairement à une vision quelque peu caricaturale de la polis-religion ainsi esquissée, Christiane Sourvinou-Inwood ne faisait pas abstraction des individus et des différents cercles de sociabilité où fleurissait l’expérience religieuse des anciens Grecs. Quant aux autres structures politiques que ladite polis, elles n’étaient tout simplement pas l’objet de son investigation. C’est pourtant dans un contraste polémique avec ses travaux que les aspects prétendument « individuels », voire « personnels », de la religion grecque ou ses « messy margins » ont été abordés (Kindt 2009, 2015 ; Bremmer 2010 ; cf. Harrison 2015). En outre, le débat s’est étendu au monde romain, en des termes similaires, même si la centralité de Rome elle-même a conduit la discussion sur des voies distinctes (Rüpke 2011 vs. Scheid 2013). Il en résulte un fort dossier bibliographique, qui repose pour une part sur un malentendu – l’attribution contestable d’une « théorie » totalisante à Christiane Sourvinou-Inwood – et, d’autre part, sur différentes manières contemporaines de penser la relation entre l’individu et la société (cf. Pirenne-Delforge 2016 ; Parker 2018, et le collectif Rüpke 2013).

La rencontre des 29 et 30 juin 2023 n’a pas l’ambition d’ajouter une simple pierre à un ensemble déjà bien fourni, ni à rejouer sous une autre forme le débat sur les notions de « public » et de « privé » dans l’Antiquité. Elle s’inscrit sur l’arrière-plan du projet Collection of Greek Ritual Norms (CGRN : http://cgrn.ulg.ac.be) et sur le questionnement qu’il implique en termes de norme et d’autorité en matière religieuse. Sans limiter l’investigation à ce seul type de documents, c’est notamment par le biais de dossiers précis que l’on peut espérer approfondir et affiner la réflexion ouverte par Christiane Sourvinou-Inwood.

Références citées

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