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Résumé

La cérémonie de l’entrée (apantèsis), spécimen du culte des dirigeants à l’époque hellénistique, a fait l’objet de lectures hésitant entre la politique et la religion : simple outil de domination d’après l’historiographie du début du XXe siècle, la cérémonie tend à être interprétée depuis les années 1980 comme un élément de la polis-religion, les rites étant identiques à ceux d’une procession religieuse, s’accompagnant de sacrifices et, généralement, de l’instauration d’un culte pour le souverain. Ainsi sont-ils vus comme une manière de souder la communauté civique, de concevoir le pouvoir extra-civique des souverains hellénistiques, ou de styliser une relation de communication avec les dominants.

Le grand nombre de documents, la variété de leurs supports (textes, papyrus, inscriptions) et de leur teneur (normes autant que récits) offrent une vue exceptionnellement dense des mécanismes de la polis-religion, et permettent de mettre ce modèle à l’épreuve. En les prenant tous en compte, on aimerait suggérer que les entrées valident ce schéma interprétatif, mais qu’un aspect de son argumentaire pourrait être décalé. L’apantèsis, si elle ne se résume pas à la manipulation des masses, ne valide pas non plus l’idée du rituel comme intégrateur, manière d’ordonner et de comprendre le monde, ou encore de communiquer avec les puissants. Elle illustre davantage des formes de routines sociales très répandues, qui peuvent en retour éclairer certains caractères de la polis-religion.

Intervenants

Paul Cournarie