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Résumé

L’historiographie a généralement rangé les historiettes gravées sur les stèles anatoliennes dites de confession, comme l’expérience mystérique (celle de l’initiation à Éleusis que je prendrai pour exemple), au nombre d’expériences religieuses individuelles et personnelles, voire « spirituelles » pour les mystères. Le terme même de « confession » attribué aux inscriptions micrasiates (Beichtinschriften) en dit long sur cette orientation typologique pour des textes qui sont à l’examen d’abord des glorifications des dieux encadrées par les prêtres.

Le fait que ces deux dossiers, pourtant différents dans leurs rituels, aient été rangés dans une même catégorie d’expérience religieuse justifie à mon sens une réflexion comparée sur la tension entre autorités religieuses, civiques ou villageoises et degré « individuel » des expériences des dévots… lorsque les documents y donnent accès. Dans les études sur les stèles dites de confession, on s’est peu attardé sur l’omniprésence des prêtres – aux plans rhétorique, rituel, judiciaire, économique –, du fait qu’ils sont rarement mentionnés de façon explicite. Quant à Éleusis, dont les mystèria sont un des climax de la polis religion d’Athènes, ses autorités publiques en sont bien connues grâce aux travaux de K. Clinton ; mais, pour apprécier la nature de l’expérience religieuse à l’époque romaine, il ne faudrait pas sous-estimer une autre « autorité », virtuelle, mentale ou cognitive : celle qui s’était attachée à l’imaginaire des mystères, diffusé depuis Platon en dehors de toute référence civique.

Intervenants

Nicole Belayche