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Du fait de sa brûlante actualité dans nos sociétés modernes et de l’impact que celle-ci a nécessairement eu dans le champ de la recherche, le multilinguisme est à l’interface de préoccupations sociétales, d’une exigence méthodologique et d’un intérêt historique qui en font une thématique propre à inaugurer la nouvelle chaire « Culture écrite et papyrologie byzantine ». On ne peut étudier les sources écrites antiques et médiévales sans connaître les conditions multilingues qui ne manquèrent pas de les conditionner. L’Égypte de l’Antiquité tardive constitue à cet égard un terrain privilégié, non seulement grâce à la documentation papyrologique qu’elle a conservée (contrairement aux autres provinces de l’Empire, elles aussi multilingues), mais aussi du fait des conditions historiques qui ont profondément modifié son faciès linguistique : l’égyptien, ayant abandonné ses anciennes écritures, se dote alors d’un nouveau médium écrit, le copte, qui va peu à peu entamer le monopole qu’avait acquis le grec depuis les Ptolémées (sept siècles avant la période ici considérée) en tant que langue officielle ; le latin, qui était jusque-là une langue surtout en usage dans l’armée, connaît une nouvelle vitalité à la suite des réformes administratives de Dioclétien ; enfin, l’occupation sassanide (619-629) et la conquête arabo-musulmane (642) vont introduire de nouvelles langues dont l’une, l’arabe, finira par s’imposer irréversiblement après avoir évincé le grec puis le copte. Ces trois types de relations multilingues seront étudiés sur trois ans (en commençant par le dernier) à travers la totalité de la documentation (papyrus littéraires, documentaires et sources littéraires transmises par la tradition manuscrite) et selon plusieurs approches complémentaires (historique, philologico-linguistique, paléographique). Le séminaire présentera, en parallèle, des papyrus inédits en rapport avec ce sujet.

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