Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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L’ensemble décrit au cours précédent paraît trop disparate, tant dans les genres littéraires que dans la qualité des ouvrages, pour que se dessine le profil d’un unique lecteur. La présence du copte ne nous aide guère : au VIsiècle, cette langue s’est répandue dans les milieux cultivés urbains. L’importance des papyrus médicaux a pu suggérer que Johnson avait exhumé la bibliothèque d’un professeur de médecine, voire d’une école spécialisée dans ce domaine, mais c’est une conjecture impossible à prouver.

Plutôt qu’un lecteur, avec ses goûts et ses habitudes, ce qui se dessine derrière cette bibliothèque, c’est le milieu culturel propre à la cité d’Antinoopolis : son statut de capitale de la Thébaïde y a favorisé la diffusion du latin et entretenu la pratique de la tachygraphie, dont l’enseignement est bien attesté depuis Protogène, disciple de l’arien Eunome, exilé au IVsiècle dans cette ville où il ouvrit une école ; par ailleurs, la médecine, sous le patronage du saint guérisseur Kollouthos, est devenue une des spécialités de cette cité, avec un enseignement spécifique qui a influencé la tradition textuelle des grands auteurs médicaux qui lui servaient de base (notamment Hippocrate). Aussi une des vertus de la « bibliothèque byzantine d’Antinoopolis » est-elle de nous sensibiliser au phénomène de régionalisation de la culture en attirant notre attention sur les particularismes locaux propres à chaque cité en termes de culture, de littérature et de production libraire.