Salle 2, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Les langues autochtones d'Amérique du Sud dévoilent les visions des mondes présents, passés et à venir. Elles sont aussi le véhicule d’une pensée qui unit et engage les humains, la forêt et les êtres vivants dans une communauté. Depuis des temps immémoriaux, le pouvoir de la parole est la force créatrice capable de tisser et de transformer des mondes. La parole est action et relation avec des existants. Souvent, la parole qui résonne est celle des esprits. Les discours sur l'origine du monde et les chants rituels font entendre leur voix. Que disent ces voix ? Qui en sont les traducteurs ? Comment la poétique des voix autochtones dessine-t-elle ces mondes invisibles ? Quel pouvoir de transformation accorde-t-on aux langues rituelles dans les spiritualités des peuples autochtones d'Amérique du Sud ? Comment définir l’attitude d’écoute et le geste qui caractérise la transmission de ces savoirs ?

Daiara Tukano

Daiara Hori Figueroa Sampaio ou Duhigô est Tukano (Yé’pá Mahsã), du clan Eremiri Hãusiro Parameri, originaire de la région du Haut Rio Negro, Amazonie brésilienne. Elle est artiste plasticienne et commissaire de l’exposition de Nhe'ē Porã : mémoire et transformation. Elle est titulaire d'un master en droits humains de l'Université de Brasília (UnB) et mène des recherches sur le droit des peuples indigènes à la mémoire et à la vérité. Elle représente les peuples autochtones au Conseil national de la culture du Brésil et joue un rôle central dans le débat sur l'art autochtone, les musées, les collections autochtones et les restitutions au Brésil et dans le monde.

Philippe Descola

Né à Paris en 1949, Philippe Descola est l'un des principaux anthropologues de sa génération. Diplômé en philosophie de l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud, il passe son doctorat d'anthropologie à l'École Pratique des Hautes Études, sous la direction de Claude Lévi-Strauss, avec une thèse basée sur son travail de terrain auprès des Achuar de l'Amazonie équatorienne entre 1976 et 1979. À partir de 1987, il enseigne à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales et, en 2000, il est nommé titulaire d'une chaire d'anthropologie au Collège de France. En 2012, il a reçu la médaille d'or du Centre National de la Recherche Scientifique. Ses recherches portent sur les modes de socialisation de la nature, la formation des notions de « nature » et de « culture » et les différentes ontologies qui en découlent. Il est l'auteur d'ouvrages tels que La Nature domestique (1986), Les Lances du crépuscule (1993), Par-delà nature et culture (2005), Diversité des natures, diversité des cultures (2010), La Composition des mondes (2014) et Les Formes du visible (2021). Il a été invité à plusieurs reprises à l'Université de São Paulo, à Pékin, à Chicago, à Montréal, à la London School of Economics, à Cambridge, à Saint-Pétersbourg, à Buenos Aires, à Göteborg, à Uppsala et à Louvain. Il a donné des conférences dans plus de quarante universités et institutions académiques à l'étranger, notamment la Beatrice Blackwood Lecture à Oxford, la George Lurcy Lecture à Chicago, la Munro Lecture à Édimbourg, la Radcliffe-Brown Lecture à la British Academy, la Clifford Geertz Memorial Lecture à Princeton, la Jensen Lecture à Francfort et la Victor Goldschmidt Lecture à Heidelberg. Il a présidé la Société des Américanistes et le comité scientifique de la Fondation Fyssen de 2001 à 2009, et est membre de nombreux autres comités scientifiques.

Andrea-Luz Gutierrez-Choquevilca

Elle est anthropologue linguiste, directrice du Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS), titulaire de la chaire Religions des Indiens Sud-Américains : sociétés des Basses Terres à l'École Pratique des Hautes Études (EPHE). Spécialiste des langues quechua, elle consacre ses recherches à l’analyse de la voix rituelle et à l’apprentissage des arts verbaux amérindiens. Au cours de ses enquêtes en Amazonie et dans les Andes, elle étudie les langues secrètes des chamanes, les relations entre oralité et écriture et les rapports au vivant, dans le chamanisme et la chasse. Ses travaux portent sur les relations entre la pensée et le langage, la perception et l'action rituelle (Guérir, Tuer, L’Herne 2017 ; Livres sorciers, Gradhiva, 2021 ; Lévi-Strauss. Penser le monde autrement, Cahiers d’anthropologie sociale 2022). Elle dirige l'équipe « Anthropologie linguistique » qu'elle a fondée avec Pierre Déléage au Laboratoire d'anthropologie sociale. Elle est présidente de la Société des Amis des Sciences Religieuses à l'EPHE-PSL (SASR).

Majoí Favero Gongora

Elle est titulaire d'un doctorat en anthropologie sociale de l'Université de São Paulo (USP), avec une spécialisation en ethnologie amérindienne. Elle est actuellement post-doctorante au département de linguistique de l'USP. Elle est chercheuse associée au Centre d'études amérindiennes-USP, collaboratrice de l'Institut socio-environnemental (ISA), membre du réseau Pro-Yanomami et Ye'kwana et du Front 3 de Fevereiro. Depuis 2013, elle travaille aux côtés du peuple Ye'kwana et dans le cadre d'initiatives avec les peuples de la Terre Yanomami (Roraima, Brésil). Ces dernières années, elle s'est consacrée à des travaux de documentation avec une approche collaborative, comme le projet Aaseesewaadi : documentation des chants des Ye'kwana (Museu do Índio/FUNAI et UNESCO). Elle a également coordonné la publication de Cercos e Resistências : Povos Indígenas Isolados na Amazônia Brasileira (2019). Elle est curatrice d'initiatives liées à la diffusion des cultures des peuples autochtones et au renforcement de leurs luttes au Brésil. Elle a récemment coordonné la recherche et été co-commissaire de l'exposition Nhe'ẽ Porã : mémoire et transformation, sous la direction de Daiara Tukano.

Intervenants

Daiara Tukano

Artiste visuelle et commissaire de l'exposition Nhe'ẽ Porã : mémoire et transformation

Andrea-Luz Gutierrez-Choquevilca

Directrice du Laboratoire d'Anthropologie Sociale (LAS), Collège de France, École Pratique des Hautes Études (EPHE) chaire Religions des Indiens Sud-Américains : sociétés des Basses Terres

Majoí Favero Gongora

Postdoctorante à l'USP et co-commissaire de l'exposition Nhe'ẽ Porã : mémoire et transformation