Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Nous avons ensuite examiné ce qu’il en était aujourd’hui de cette hypothèse qui fut généralement acceptée, ce qui ne prouve pas forcément que je fusse dans le vrai.

Aucun arvale de l’époque antérieure à Octavien/Auguste n’est connu, si l’on fait abstraction de Romulus. Les premiers sont connus par la dédicace du calendrier des arvales et surtout par les listes de présence des deux premiers procès-verbaux connus de la confrérie. Nous avons discuté de l’identité précise des premiers arvales, en examinant les critiques faites, ou bien en critiquant certains choix, bien qu’ils fussent approuvés par des maîtres comme R. Syme. Il en sort que l’hypothèse que les premiers arvales étaient d’anciens amis ou ennemis politiques d’Octavien, que le triumvir rassembla dans cette confrérie pour signifier la réconciliation des élites, tient toujours. La suite de la prosopographie des arvales entre les empereurs flaviens et sévères paraît vérifier cette hypothèse : en 70 comme entre 193 et  196 apr. J.-C., il semblerait que les empereurs aient fait compléter les lacunes dans la confrérie par des aristocrates appartenant aux partis flavien et sévérien, pour signifier que l’élite était réconciliée.

J’avais éclairé le choix de cette confrérie par Octavien en 1975 et surtout en 1990 à l’aide du parallélisme qui existe entre la création de la confrérie arvale et la rédaction des Géorgiques par Virgile : les deux initiatives concernent l’agriculture, et furent achevées entre 34 et 28 av. J.-C. dans l’entourage du triumvir Octavien. Une vérification des travaux faits depuis sur les Géorgiques confirme que mon impression fut la bonne : à l’exemple des Géorgiques, la « restauration » des arvales devait souligner l’excellence du parti d’Octavien face à celui de Marc Antoine (voir l’avant-propos de la réédition de Romulus et ses frères (BEFAR, vol. 275, Rome, 2016, p. VIII-X).

Nous avons profité de ce cours pour expliquer les raisons pour lesquelles nous n’avions pas retenu dans nos travaux de 1975 et de 1990 trois documents qui pouvaient être rapprochés des frères arvales : deux bases triangulaires de supports de trépied ou de thymiatèria, qui sont conservés au Louvre et au musée du Capitole, dont une face représente une couronne d’épis semblable à celle que portaient les arvales, deux passages chez Suétone (Divin Auguste, 94, 11) et Cassius Dion (Histoire Romaine, 45, 2, 1) qui rapportent un présage délivré au jeune Octave sur la via Campana, et enfin l’attribution de l’inscription CIL VI, 970 aux frères arvales.