Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Le musée du Louvre, appelé d’abord « Musée central des arts », puis « musée Napoléon » de 1804 à 1814 et « Musée royal » après 1814 et 1815, a été pendant les quinze premières années du XIXe siècle le centre et le concentré de l’histoire de l’art européen.

Si, lors de sa création en 1793, ses galeries n’abritent que des œuvres confisquées au clergé, à l’aristocratie et au roi, dès l’année suivante, la France, par la voix de la Convention, décide de s’approprier les objets de sciences et d’art qui pourraient servir à compléter ses collections hors des frontières françaises de l’époque, en suivant les armées. Entre 1794 et 1812, les campagnes militaires permettent ainsi, presque annuellement, soit parce que cela a été réglé par des traités, soit sous forme de confiscations, d’accumuler un patrimoine considérable à Paris, que l’on peut qualifier de « patrimoine annexé ».

Parce qu’il donne à voir au plus grand nombre ces collections inestimables venues de tout le continent, le Louvre devient un lieu exceptionnel qui contribue à faire de Paris la capitale de ce qu’on appellera plus tard le « tourisme européen ». Aussi, lorsqu’après les deux abdications de Napoléon en 1814 et 1815, les propriétaires légitimes de ces œuvres hésitent à les réclamer, le débat qui s’ouvre ne concerne pas que la France mais bien l’Europe entière. De 1814 à 1817, une masse considérable de textes, de prises de position et d’avis, souvent bilingues et dans toutes les langues européennes, portent sur la question des restitutions et du rééquilibrage de la géographie culturelle. Parfois, le sujet y est traité de façon polarisée et nationaliste, mais souvent, il l’est davantage dans un esprit cosmopolite, guidé par la volonté de déterminer ce qui est le mieux pour les œuvres et pour l’Europe. Il est donc du plus grand intérêt d’essayer, malgré les difficultés, de tenir compte de l’ensemble de ces discours au lieu d’avoir une lecture nationale ou nationaliste de cet événement, et de mettre en regard la tristesse des uns et la joie des autres, la perte des uns et le recouvrement par d’autres de leur patrimoine, de leur dignité, ou de leurs idées de régénération des arts.