Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

La vallée du Nil moyen, d’Assouan au sud de Khartoum, est dominée, au Moyen-Âge, par les royaumes nubiens qui ont succédé à la chute de Méroé, au IVe siècle de notre ère. Venus du Kordofan, les Noubas ont en effet substitué leurs élites à celle de l’État méroïtique. Au milieu du VIe siècle, les trois royaumes de Nobadia au nord, de Makouria au centre et d’Alwa au sud, se convertissent successivement au christianisme. Au siècle suivant, le royaume makourite, qui vient d’annexer la Nobadia, est confronté à l’avancée des conquérants musulmans depuis l’Égypte récemment conquise. Mais les Nubiens résistent et un traité de paix comportant des clauses réciproques est conclu en 652. Durant près de sept siècles, la Nubie constitue un territoire singulier sur les marges de l’Islam, puisqu’elle ne fait partie, ni de la « Maison de l’Islam », ni de la « Maison de la Guerre » (Dar Al-Harb). Son histoire s’écrit encore en pointillés, puisque les sources principales en sont quelques passages des chroniqueurs arabo-persans (Ibn Hawqal, Al-Uswani, etc.) et les fouilles archéologiques sur les sites principaux de Qasr Ibrim, Faras, Old Dongola (capitale de la Makouria), Banganarti et Soba (capitale du royaume d’Alwa). La maigre littérature en vieux-nubien, écrite en caractères coptes, comporte surtout des textes pieux, des lettres et des documents juridiques, qui n’apportent que peu d’informations sur l’histoire de la région. Sur les marges orientales, les Bedjas constituent la principale ethnie. Essentiellement nomades, ils se convertissent assez vite à l’Islam et constituent un trait d’union entre l’Égypte et la Nubie. Lorsque la Makouria chancellera sous les coups des Mamelouks, c’est un prince d’ascendance bedja que ces derniers placeront sur le trône en 1315. Dans les régions occidentales du Soudan, faute de sources écrites et de travaux archéologiques en nombre suffisant, on ne connaît que peu de choses. Les fouilles menées par l’université de Lille à la limite du Kordofan et du Darfour montrent une société urbanisée mais sans lien avec les royaumes du Nil. Au Darfour et au Ouaddaï, deux ethnies, les Zaghawas au nord et les Dadjos au sud, se partagent le pays jusqu’au XIVe siècle. Les incursions du royaume du Kanem depuis l’ouest et les invasions de tribus arabisées eurent raison du royaume zaghawa. Au sud, les Dadjos furent vaincus par une nouvelle ethnie, les Tounjours, qui n’étaient autres que des colons chrétiens venus de Makouria, comme une récente étude linguistique de l’auteur l’a démontré. Au milieu du XVIe siècle, ils seront chassés du pouvoir par l’ethnie four, qui donna son nom au Darfour et y établit un sultanat musulman qui devait durer jusqu’au XXe siècle.

Intervenants

Claude Rilly

Directeur de recherches au CNRS-LLACAN, et École pratique des hautes études, Paris, France