Résumé
Les daimones, tels qu’ils sont conçus dans le polythéisme grec ancien, apportent-ils des solutions aux problèmes philosophiques, pour les dieux comme pour les hommes ? Dans son dernier livre, Vinciane Pirenne-Delforge montre que les penseurs grecs (d’Homère à la fin de la période classique) supposaient que les daimones accomplissaient un travail substantiel dans le cosmos. Dans mon intervention, j’explore comment l’appel à un daimōn revient, pour les Grecs, à reconnaître qu’il existe des poches d’indétermination réelle dans le cosmos. Ensuite, les daimones sont censés combler l’écart catégoriel (categorical gap) dans les interactions causales entre les dieux et l’humanité, permettant ainsi l’intervention divine dans les affaires humaines. Enfin, les daimones servent à indiquer l’intervention divine à l’humanité, lorsque les théories humaines laissent des lacunes dans l’explication des phénomènes naturels. Un daimōn tel que le concevaient les Grecs peut-il être à la hauteur de ces tâches, résolvant ainsi des problèmes qui ne font pas simplement partie du polythéisme de la Grèce antique, mais qui constituent des défis permanents pour la philosophie ? J’offre ici des réfections philosophiques pour expliquer les contributions des daimones à la cosmologie grecque, afin de comprendre quand et pourquoi leur présence était invoquée.