Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Les différentes théories exposées la semaine précédente ont chacune des limitations qui l’empêchent de prétendre à l’exclusivité ; on ne peut donc pas éviter un certain éclectisme, c’est-à-dire le recours simultané à plusieurs des théories rivales en présence. Dans cet esprit, il faut commencer par distinguer trois types d’énoncés faisant intervenir un nom fictionnel comme « Sherlock Holmes », correspondant à trois types d’emploi du nom en question. Ces trois types d’énoncés sont : les énoncés fictionnels, les énoncés parafictionnels, et les énoncés métafictionnels (dont l’examen est remis à la séance suivante). 

Les énoncés fictionnels sont les énoncés qu’on trouve dans la fiction: par exemple les énoncés de Conan Doyle lorsqu’ils raconte les faits et gestes de Sherlock Holmes. Pour ces énoncés l’idée de faire semblant, de simulation, s’impose. Ces énoncés ne sont ni vrais ni faux, car l’auteur ne fait pas véritablement référence à un individu nommé Sherlock Holmes, et possédant diverses propriétés notables : il fait semblant.

Bien que ni vrais ni faux, les énoncés fictionnels créent ou instaurent des vérités fictionnelles. Si l’auteur écrit que Pickwick a une verrue sur la joue, alors il est vrai (dans la fiction) que Pickwick a une verrue sur la joue. Mais il y a d’autres vérités fictionnelles que les vérités fictionnelles explicites instaurées par les énoncés fictionnels. Les vérités fictionnelles implicites correspondent à tout ce que l’on peut inférer des vérités fictionnelles explicites et des connaissances d’arrière-plan dont on est en droit de supposer qu’elles s’appliquent au monde de la fiction tout autant qu’au monde réel.

Une fois instaurées par le discours fictionnel, les vérités fictionnelles (explicites ou implicites) peuvent à leur tour être rapportées par des énoncés qui décrivent le contenu de la fiction et possèdent donc une direction d’ajustement « constative » et non « performative ». Ce sont les énoncé parafictionnels. Les énoncés parafictionnels sont les énoncés au moyen desquels on parle de la fiction, pour en restituer le contenu. Contrairement aux énoncés fictionnels, qui reposent sur le faire semblant et ne sont, de façon absolue, ni vrais ni faux (leur vérité est relative ou interne à la fiction), les énoncés parafictionnels comme « Sherlock Holmes est un détective » semblent vrais pour de bon — vrais de façon absolue, vrais tout court. On comprend ces énoncés comme véhiculant un préfixe implicite : « Dans les fictions de Conan Doyle, Sherlock Holmes est un détective ». La caractéristique des énoncés parafictionnels, c’est précisément qu’on peut ajouter le préfixe sans changer le sens, et, corrélativement, qu’on n’a pas d’hésitation à les réputer vrais ou faux, c’est-à-dire comme décrivant correctement ou incorrectement la réalité.