Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

Résumé

La loi sur la parité, votée en 2000 et imposant aux partis politiques de présenter 50 % de candidates à toutes les élections, a suscité de très vifs débats tout au long des années 1990, révélant des désaccords majeurs parmi les intellectuelles féministes. C’est dans ce contexte que le débat sur « l’universalisme républicain » s’est imposé dans le débat politique français, à travers une référence permanente à 1789 : l’universalisme des droits de l’homme et du citoyen, héritage des Lumières et de la Révolution, avait-il posé les bases de l’émancipation générale, en affirmant les droits d’un individu abstrait, citoyen sans distinction de sexe, ou avait-il été le cheval de Troie d’un faux universalisme, strictement masculin, excluant les femmes de la sphère publique ?

De fait, la Révolution n’a jamais accordé aux femmes le droit de vote (elles ne l’obtiendront, on le sait, qu’en 1944), mais elles furent néanmoins investies dans de nombreuses activités politiques : mouvements populaires, rédaction d’adresses et de pétition, publication de pamphlets et brochures. Quelques clubs féminins ont même existé, jusqu’à leur fermeture en octobre 1793, à la suite d’un rapport d’Amar au nom du Comité de salut public. Le rôle politique de ces « citoyennes sans citoyenneté » (Dominique Godineau) fut donc réel mais limité, toujours tenu pour suspect, tantôt toléré tantôt ouvertement réprimé.

Dans ce contexte, on s’intéresse aux paradoxes (Joan Scott) avec lesquels devaient lutter les femmes qui plaidaient ouvertement pour l’égalité des droits, tout particulièrement dans le cas emblématique d’Olympe de Gouges. Sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) revendique l’égalité des droits en révélant que le sujet politique est une femme autant qu’un homme, mais ce faisant, elle est amenée à affirmer des droits spécifiquement féminins. Celle qui proteste contre l’exclusion dont les femmes sont victimes, le fait-elle au nom des droits universels d’un être humain non sexué, ou en revendiquant une différence sexuelle qui fonde la revendication d’égalité ? Comme Olympe de Gouges, elle doit à la fois affirmer la différence et la nier.

Au-delà de la question des droits politiques, la question de l’accès au savoir, de l’instruction féminine et de la participation à la vie intellectuelle et littéraire a été un enjeu majeur des combats de la Révolution en faveur des femmes, prolongeant les débats du XVIIIe siècle. Sur ce plan, la Révolution fut marquée par une augmentation très nette du nombre de publications féminines, mais aussi par quelques réactions hostiles, voire virulentes, comme celle de Sylvain Maréchal, dont le Projet de loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes (1801) suscita les réponses de deux écrivaines (Marie-Armande Gacon-Dufour et Albertine Clément-Hémery).