Résumé
La famille andalouse des Banū Zuhr a étonné le monde médiéval avec une lignée de médecins s'étendant sur plusieurs générations. La bibliothèque familiale servait de base à la recherche médicale érudite, et la tradition manuscrite du Kitāb al-Khawāṣṣ d’Abū al-ʿAlā Ibn Zuhr (m. vers 1130) offre un aperçu des contenus de la bibliothèque consacrés à la médecine et aux sciences naturelles. Cette compilation de propriétés est en fait un recueil de citations de sources écrites – allant d’auteurs antiques et tardo-antiques aux grands noms de la médecine arabe des IXe et Xe siècles – exceptionnellement accompagnées d’un sigle de référence. Cette particularité permet de tisser un réseau plus large de manuscrits et de textes, qu’il s'agisse de sources ou de loci similes, et soulève des questions méthodologiques sur la transmission textuelle et le rôle de la tradition indirecte.
Les manuscrits de la bibliothèque des Banū Zuhr sont également devenus un point de référence pour ceux qui étudiaient la médecine galénique en al-Andalus au cours des XIIe et XIIIe siècles. La tradition manuscrite du Kitāb al-Adwiya al-Mufrada (« Livre sur les drogues simples ») de Galien témoigne d'une intense activité de collation croisée, de prise de notes et de circulation physique des livres et des savants, la copie de la bibliothèque des Banū Zuhr servant de point de passage crucial le long de ce cheminement.
L'histoire d’une famille d'érudits andalous, de leur bibliothèque et de ses traces dans les manuscrits qui subsistent, ainsi que l’étude de la tradition manuscrite d’un élément particulier parmi les écrits du cercle des Banū Zuhr s'entrecroisent pour définir un espace dans lequel la philologie, la paléographie et la codicologie contribuent également à l'histoire des pratiques érudites.