Résumé
Cette étude présente la première analyse complète d'un important manuscrit coranique découvert dans la geniza du sanctuaire de l’Imām Riḍā à Mashhad et qui comprend deux cent quarante-quatre feuillets endommagés par le feu. Le colophon du manuscrit identifie son copiste comme Abū ʿAlī Ḥasan b. ʿAbd al-ʿAzīz al-Ghaznawī et son enlumineur comme Abī Bakr Muḥammad b. ʿAbd Allāh al-Ghaznawī ; le manuscrit a été achevé en 434/1042 EC. La nisba Ghaznawī de l'enlumineur et du copiste, associée à des caractéristiques propres à une copie royale, notamment l'utilisation extensive de dorure dans toutes les composantes du manuscrit (texte coranique, titres des sourates, enluminures et inscriptions marginales), indiquent clairement qu’il s’agit d’une production réalisée dans le scriptorium de la cour ghaznavide sous le règne de Mawdūd b. Masʿūd (r. 432-441/1040-1049 EC).
Le manuscrit, qui mesure aujourd'hui 19×29,2 cm après restauration, représente un rare exemple de Nouveau Qurʼan abbasside en un seul volume qui s'écarte du format en plusieurs volumes (rabʿa) prévalant à l'époque royale. Le manuscrit partage des caractéristiques stylistiques importantes avec le manuscrit Cambridge, Bibliothèque de l’Université Or. 476 - un coran non daté de format horizontal sur parchemin qui présente également des caractéristiques royales. Les caractéristiques matérielles du manuscrit de Cambridge suggèrent une date légèrement antérieure, indiquant le développement de cette tradition scribale distincte dans le cadre du programme de production de manuscrits de la cour ghaznavide au début du Ve/XIe siècle. Ce style non documenté jusqu'à présent se caractérise par une densité de texte accrue (au moins vingt-cinq lignes par page) et des adaptations uniques dans la géométrie des lettres et les proportions texte-page, ce qui le distingue de l'écriture coranique à cinq lignes de l'école de ʿUthmān b. Ḥusayn al-Warrāq.
Cette étude permet de mieux comprendre l'évolution de la production de manuscrite et du mécénat des milieux de la cour au début du Ve/XIe siècle, et de mettre en lumière le rôle central de la cour ghaznavide dans la production de manuscrits au cours de cette période.