Résumé
Au cours des dix dernières années, plusieurs indicateurs de santé mentale, tels que les troubles anxieux, dépressifs ou des conduites alimentaires, se sont détériorés dans la population de plusieurs pays occidentaux, dont la France. Les adolescents et les jeunes adultes sont particulièrement touchés par ces troubles, ce qui justifie que la santé mentale ait été choisie comme Grande Cause nationale pour l’année 2025. Dans le même temps, les usages numériques, en particulier ceux des adolescents et des jeunes adultes, se sont intensifiés et transformés, avec la prépondérance des réseaux sociaux dans les modes de vie quotidiens. Se pose alors la question suivante : les réseaux sociaux sont-ils responsables de l’augmentation des troubles de santé mentale ? Cela implique de déterminer s’il existe ou non un lien de cause à effet entre ces deux phénomènes concomitants. Faire cette démonstration n’est pas une tâche aisée pour les disciplines scientifiques qui s’emparent de la question. Parmi elles, l’épidémiologie est en mesure d’apporter un éclairage particulier, à condition d’exploiter ses points forts théorisés durant la seconde moitié du XXe siècle, et de les actualiser pour relever ce nouveau défi. À travers plusieurs exemples de recherches récentes, ce cours visera à présenter les obstacles conceptuels et méthodologiques qui empêchent, à ce jour, de répondre avec certitude à la question posée, ainsi que les solutions que l’épidémiologie doit mettre en œuvre pour y parvenir.